un-balcon-en-foret

slowly strolling in the sweet sunshine...

Jeudi 23 décembre 2010 à 0:45

Je suis rentrée chez moi ce soir, après 2 jours de voyage…
Partie de chez moi à 13h, j’ai pris 3 bus, suis arrivée 5 heures plus tard dans une gare maritime glaciale où j’ai attendu 3 heures pour faire mes 17 heures de traversée, suivi d’une course au train, de 5 heures de train ponctuées d’une heure d’attente dans la gare de Lison, plus paumé, tu fais pas, et une-demie heure de voiture… pour arriver enfin chez mes parents

 

Je me voyais déjà m’affaler sur mon lit, étaler quelques machins ramenés de cork au milieu de mon bazar, retrouver après quatre mois, mes bouquins, mes photos, mes bibelots, mon cocon…

 

…une chambre toute neuve, absolument magnifique…

…mais absolument impersonnelle…

 

Je voulais mon chez moi, les photos de mes potes sur les murs, le puzzle d’un bébé léopard des neige fait lorsque j’avais 13 ans, le pendule de lorsque j’étais bébé, la tapisserie que j’avais choisi à 11 ans avec mes couleurs préférées de l’époque (orange et bleu), mes bouquins de fantasy tous lus et relus, le pot à crayon en pvc fait en techno en 3eme, le miroir offert à ma naissance, la rangée de canettes de jus de fruits de chez Frère Tang bues avec marième un soir à paris,  la boite à bijoux offerte par ma nourrice, la photo de jean et pauline sur ma table de nuit, mon vide poche rempli de souvenirs de lycée-mej-hypo-paris, mes rideaux oranges qui baignent ma chambre le soir d’une lumière mordorée…

 
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Toute une vie entassée pendant 20 ans...
toute une vie maintenant dans un carton, et une chambre vide

même mes meubles ont disparus, m'empêchant de tout remettre en place

 Impression de ne pas être chez moi
mais une chambre d’amis, prêtée pour quelques jours

Je veux mon bordel et mes souvenirs en vrac, avoir pêle-mêle autour de moi les vestiges de ces 20 dernières années

 

« ca va te donner l’occasion de faire du tri »…
je ne veux pas trier parmi mes souvenirs
Je ne veux pas jeter des bouts de ma vie

si j'aime autant bouger, voyager, découvrir de nouveaux endroits, si j'aime changer de ville tous les ans
c'est parce que je sais que j'ai ce camps de base, cette pièce où s'entassent mes affaires dans un joyeux bazar, un endroit où je me sens chez moi, un lieu de repli...
volatilisé

 

C’est très joli, ce sont mes couleurs, c’est vraiment adorable
Je ne veux pas d’une nouvelle chambre dans une maison que j’ai quittée
Je veux ma chambre de gamine, d’ado, de jeune étudiante

je voulais rentrer chez moi.
ce n'est plus chez moi.

 

Moi pour noël, je voulais juste un ipod…

Samedi 18 décembre 2010 à 3:37

« All the crazy shit i did tonight. Those will be the best memories »
4 am., assis en tailleur sur le carrelage devant un guichet vide, au milieu de l’aéroport de Dublin.
Une valise trop lourde que l’on allège en étalant des affaires partout.

Je les regarde, nous sommes tous pareils.
Même jeans élimés, mêmes cheveux en pagaille, mêmes yeux vides de fatigue
Même impression que nous vivons les meilleurs moments de nos vies
Et même intention de n’en pas perdre une miette

Louer des voitures, partir à l’arrache, dormir tous ensemble dans une chambre d’auberge de jeunesse, transformer le salon en dancefloor, manger des kilos et des kilos de pâtes en souriant comme des bienheureux, de la sauce jusqu’aux oreilles, se laisser griser par la campagne irlandaise, …

Ne jamais rester en place implique ne jamais garder les gens
J’ai déjà dit adieu tellement de fois…

Les camps d’été, mes collègues anim’s, l’internat à Quimper, Paris et les khâgneux, les LEA de Rennes la Rouge,...
I fucking feel like i’m spending every fucking moment of my fucking life saying fucking goodbye to all the people I fucking care about

Je ne compte plus le nombre de fois où, serrant dans ma main un bâton de barbapapa dédicacé sur chaque face, un cahier rempli de photos, une croix mej, une paire de boucles d’oreille, une boite en bois guatémalaise,… ,j’ai éclaté en sanglots au départ du train, les jours brûlantes de larmes.
Je ne compte plus le nombre de fois où, après des adieux sur un quai de gare, je suis sortie de la station en chancelant, titubant sous le poids de cette sensation de vide.
Je ne compte plus le nombre de fois où, le front appuyé contre la vitre, à l’arrière de la voiture, j’ai regardé les nuages à travers l’écran brouillé de mes larmes.

Je les écoute faire des plans de road trip à travers l’europe, de retours, de retrouvailles
Je souris amèrement
Car je ne les compte plus non plus ces promesses que j’ai faite, de se revoir, de partir en vacances ensembles, de ne jamais perdre contact
J’ai tellement l’habitude des adieux que je verse deux malheureuses larmes, alors qu’à l’intérieur, toutes celles qui ne sortent pas forment une méchante boule qui m’empêche de respirer
Et je me tiens là, hébétée, incapable de réaliser

 

 blasée…
et pourtant…

Eclater en larmes...
Eclater de rire...
...au même moment…
 Rire et larmes entremêlés, deuxième fois de ma vie, both in ireland.
La première fois à l’arrière d’un ferry en partance de Cork, en voyant des bras répondre à mes aux-revoirs
La deuxième à la lecture de ces deux mots en espagnol « Audrey, traduce ! » griffonnés sur une lettre adressée à un groupe d’amis


Cette tristesse de quitter quelqu’un que l’on aime, combinée à ce rappel de complicité, ce clin d’œil à l’amitié bien réelle.
Se sentir heureux d’avoir fait une telle rencontre
Et fucking malheureux de se dire qu’une page se tourne


« can’t believe she’s gone » chante la radio sur le chemin du retour



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Et, errant sans but en solitaire dans Dublin, mes pas me conduisent d’eux-mêmes dans Grafton Street, à l’endroit où Glen Hansard chante qu’elle a dû tomber du ciel, et je ne peux qu’acquiescer …


 Dans les derniers moments, on blague, on joue aux braves,
On se fait des grimaces à travers la vitre du train
On se fait des fucks chacun de son coté de la voie de métro :
-« haha v’la mon métro, le tien dans 3min, bien fait pour toi, mouhahaha »
On se balance des « va fan culo »
On se chamaille, on se taquine…
« i hate A… » « i’ll never come back, never ! »
On prétend que ca ne nous touche pas
Qu’on n’y pense pas
Qu’on est plus fort que ca



 

On peut entendre les larmes perler au bord de chacun de nos éclats de rire

 

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